
Le premier long métrage de Sofia Coppola, The Virgin Suicides, est une adaptation du roman éponyme de l'Américain Jeffrey Eugenides. L'instance narratoriale est collective: un groupe de quatre jeunes garçons épris de cinq soeurs dont ils racontent l'histoire. Le rôle des garçons rappelle la tragédie grecque et son choeur qui annonçait l'avenir du héros: c'est fait ici, et d'emblée, avec le titre. Une forte tension provient de la juxtaposition de la vie dans une banlieue oppressante du Michigan des années 1970 et les morceaux musicaux mystérieusement libératoires de groupe Air, entre les moeurs catholiques austères des parents des jeunes filles (interprétés avec brio par Kathleen Turner et James Woods), tous deux prisonniers tragiques de leurs valeurs, et leurs filles, dont la présence éthérée est un enchantement. Leurs visages baignent dans une douce lumière dorée qui annonce l'omniprésence du soleil dans le dernier film de Mlle Coppola, Marie-Antoinette, dans le palais du Roi Soleil. Esthétiquement et littérairement, batifolant dans la campagne, en symbiose avec la nature, sur le point de toujours sombrer, ce sont des Ophélie modernes. Des nymphes attirées par la mort, qui les frappe. Une par une.

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