
La dernière oeuvre en date de Sofia Coppola parle de la vie d'une adolescente devenue dauphine, puis reine de France et d'une série de métamorphoses censées la changer de part en part. Tout lui est différent: l'étiquette, la langue, les manières, les vêtements, les apparences, les gens, la culture et le pays, puisque la France se substitue à l'Autriche. Pas seulement la France, mais le Versailles du Roi Soleil, cette "prison dorée" construite pour tenir l'aristocratie loin de Paris et la garder sous son emprise (depuis l'épisode traumatique de la Fronde). On la marie au futur Louis XVI, et ce dans le cadre dune 'alliance entre les deux pays. Le film suit un chemin classique pour S. Coppola: la psyché d'une jeune femme: ses doutes, ses émotions, ses hauts et ses bas et les méandres de son esprit. Il choisit la technique littéraire de l'affleurement, de la seule représentation de ce qui fait surface: une sorte de "behaviourisme". L'on ne peut que supputer d'un point de vue extérieur, comme dans les oeuvres de Hemingway ou de Sarraute. Ce que l'on nous montre n'est que la partie emergée de l'iceberg historique, social et politique français. La Révolution gronde, mais seul la surface de Versailles apparaît, ce qui rend les insurrections et le désordre social encore plus menaçants. Le choc est d'autant plus impressionnant lorsque les "Sans-Culottes" pénètrent le monde versaillais. Le cocon est percé: la réalité de la Révolution entre dedans. La surface est supplantée par la profondeur, qui fait soudainement surface et montre sa face cachée. C'est choquant car nous avons suivi les déambulations de la Reine et sommes sensibles à ce qui lui arrive: Mlle Coppola utilise ici le controle de l'empathie. A la fin du film, alors que la voiture fatidique emmène le Roi et la Reine vers Paris, un dernier plan est consacré à deux types de surface: les façades lumineuses du palais et les eaux scintillantes des fontaines. Nulle ne peut masquer le sort tragique qui attend les deux protagonistes, tapi qu'il est derrière ou sous la surface, comme en témoigne le dernier plan.

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