
Il va sans dire que l'Hisoire ne cesse de se répéter. Aujourd'hui, quelques dessins satiriques représentant le Prophète Mohammed ont provoqué un tollé dans tout le monde musulman, avec les incendies de centres culturels et d'ambassades d'Europe occidentale au Moyen-Orient. Rien n'excusera la violence ni les menaces de mort, pas même la religion. Il y a presque dix-sept ans jour pour jour (le jour de la Saint-Valentin), aura lieu l'anniversaire de la fatwa (ou édit) du feu ayatollah Khomeini appelant tous les musulmans au meurtre de l'écrivain anglo-indien Salman Rushdie pour son roman controversé Les versets sataniques. Son meilleur livre en date, pour son brio narratif et sa virtuosité stylistique, traitait de la fictionnalisation des débuts de l'Islam (dans l'un des trois sous-récits), et ce dans le rêve d'un des deux protagonistes doutant de sa foi. Certes, cela peut-être choquant, et Rushdie le savait mieux que quiconque, lui qui venait d'une famille musulmane et qui avait écrit son Mémoire de Maîtrise sur les origines de l'Islam pour King's College, Cambridge. Ce qui provoqua une telle réaction (parfois quelque peu politiquement intéressé, comme en Inde) fut le fait qu'une fiction avait pour but de déloger le monopole du Coran dans le récit de la vie du Prophète; non seulement cette fiction remettait cela en cause, mais elle tentait aussi de déconstruire le contenu même de la Révélation telle qu'elle fut enoncée par l'archange Gabriel, par le prisme des versets sataniques (un épisode considéré comme apocryphe, même s'il est raconté par l'un des plus grands commentateurs médiévaux du Coran, Al-Tabari). La religion chrétienne a vécu cette destructuration/déconstruction au 18ème siecle: ce furent les Lumières, qui prirent racine dans d'autres pays. La religion musulmane vivra-t-elle jamais une telle chose?

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